| NO MAN'S LAND, subst. masc. A. − 1. Zone comprise entre les premières lignes de deux armées ennemies. Schmitt sentait par instants la terre frémir mais les obus ne tombaient pas autour de lui. «Je ne sens pas non plus l'odeur des gaz. Je dois être dans le no man's land. Je peux m'en tirer.» (...) Maintenant c'était le jour et Otto Schmitt avait été dépouillé de son parachute. Qui donc se baladait ainsi la nuit dans le no man's land? (G. Blond, Verdun, Paris, Le Livre de poche, 1974, p.248). 2. P. anal. a) Zone frontière, terrain neutre compris entre deux postes de surveillance de nationalités différentes. De l'autre côté du ruisseau qui longe la frontière, commence le no man's land, où chaque nuit circulent des patrouilles (Dorgelès,Drôle de guerre, 1957, p.125).«Les Vopos tirent bien, le no man's land est miné; alors je joue le jeu», soupire un barman (...) dans un cabaret de Leipzig (L'Express, 14 déc. 1964, p.34, col. 1). b) Zone neutre, entre deux groupes opposés. Les C.R.S. venus de Mulhouse attendent discrètement dans le sous-sol de la salle des fêtes. Entre les deux groupes, un no man's land que la délégation d'édiles locaux qui demande à être reçue par le procureur ne franchira pas (Le Nouvel Observateur, 18 déc. 1972, p.50, col.1). − Au fig. [En parlant d'un laps de temps pour parcourir une distance] Zone qui sépare deux groupes, deux personnes. [Course cycliste] La poursuite entre les deux groupes séparés l'un de l'autre par un no man's land de trois minutes fut extrêmement pénible (L'Équipe, 23 mai 1966, p.6, col.2). B. − P. anal. 1. Terrain intermédiaire, d'usage souvent mal défini, entre deux domaines bien définis. Entre village et champs s'étendent souvent des jardins clos, et recevant de l'engrais, parfois un no man's land inutilisé sauf pour la pâture (Meynier,Paysages agraires, 1958, p.65). − Au fig. Zone séparant deux domaines distincts. Entre ces perceptions et les grandeurs atomiques, il y a un no man's land. On ne saurait le combler qu'à l'aide de cet ensemble de procédés de pensée qui constitue précisément une théorie (Gds cour. pensée math., 1948, p.427): . J'entends bien que Marc Bloch est parti de là: «Papa, explique-moi donc à quoi sert l'histoire?» −et il l'a expliqué. Mais peut-être en restant un peu trop dans les limites de la technique historique. En refusant de pénétrer dans ce no man's land [it. ds le texte] inexploré où l'historien juge qu'il n'a rien à faire −et le philosophe, ou le sociologue, que c'est à l'historien seul de s'y risquer...
L. Febvre, Vers une autre hist., [1949] ds Combats, 1953, p.435. 2. Région dévastée, abandonnée. Il est difficile de faire ressentir l'impression que pouvait donner cette ville déserte, ce no man's land plaqué contre nos fenêtres et qu'ils peuplaient seuls (Sartre,Sit. III, 1949, p.22). − Au fig. Zone vide, mal ou non exploitée. Dans le secondaire, c'est le no man's land pédagogique (Le Nouvel Observateur, 3 sept. 1973, p.56, col.2). Prononc. et Orth.: [nomans̭lɑ
̃:d]. Plur. des no man's lands. Étymol. et Hist. 1916 «zone de terrain du front entre les lignes et sous le feu des troupes en présence» (Le Matin, 16 nov., 1 e ds Höfler Anglic.); 1935 «zone de terrain apparemment abandonnée et sans usage bien défini» (Le Document, La France au travail, 53 ds Fonds Barbier). Empr. à l'angl.signifiant proprement «terres, pays, terrain» land) «d'aucun homme» (no man's) att. dep. 1320 (NED) et plus partic. utilisé dans le lang. milit. où il est att. dep. 1908 (NED Suppl.2) et d'où il est passé en fr. au cours de la Première Guerre mondiale. Bbg. Bonn. 1920, p.182. |